Les maraudeurs

Tout commença lors de la cinquième année de Sirius. Il n’était désormais plus seul à Poudlard, car son frère Regulus venait de rentrer en première année. Bien entendu, Régulus était entré chez les Serpentard, et s’était empressé d’envoyer un courrier à sa mère, pour le lui dire. Mme Black en fut très fière, et Regulus mit au courant son frère que leur mère mettait désormais toute sa confiance envers son fils cadet, et que si son fils aîné ne faisait rien pour changer, il serait déshérité et banni de la famille.

Sirius, lui, était bien évidemment un Gryffondor. Il en avait été très impressionné lors de la cérémonie du choixpeau, il y a maintenant cinq ans. Il était très fier de ne pas avoir subit la contrainte de suivre la malheureuse tradition de sa famille. Il se sentait bien chez les Gryffondor, s’était fait de très bons amis, avec qui il passait la plupart de son temps. Il y avait James Potter, Remus Lupin et Peter Pettigrow. Remus était un loup garou, mais cela n’empêchait pas James, Sirius et Peter de l’aimer, et de le soutenir à chaque fois qu’il allait devoir se métamorphoser à la pleine lune. D’ailleurs, ces trois braves amis avaient travaillé depuis 3 ans pour devenir animagus, dans une totale discrétion.

En ce jour froid de décembre, Sirius et James venaient de sortir de la salle commune des Gryffondor pour se diriger vers la grande salle afin de prendre leur petit déjeuné. Ils descendirent le grand escalier, allèrent dans le hall, puis passèrent la grande porte du réfectoire. Sur la table des Gryffondor, ils aperçurent Lupin plongé dans un livre de sortilèges, en train de remuer sa tasse de thé. Face à lui, Peter Pettigrow était en train de jouer avec une fourchette d’un air distrait.
James courut les rejoindre, alors que Sirius prit le temps de jeter un coup d’œil à la table des Serpentard, dans le sinistre espoir d’apercevoir son frère Regulus. Sirius n’aimait pas beaucoup son frère, sans doute parce qu’il suivait de trop près les goûts et les conseils de leur abominable mère. Mais involontairement, au fond de lui-même, il voulait s’assurer que tout allait bien pour lui. C’était son instinct de grand frère.
Sirius aperçu Regulus assis entre un petit groupe de Serpentard. Il paraissait d’humeur joyeuse. Ce qui n’était pas le cas de Sirius. Dans ce groupe, il reconnu plusieurs personnes parmi lesquelles son ennemi juré, Severus Rogue, ainsi qu’une de ses cousines, Narcissa Black, et deux garçons connus sous le nom de Rabastan Lestrange et Bartimeus Croupton Jr. Tout en observant le petit groupe, Sirius alla s’asseoir auprès de ses amis.

- tu as l’air perplexe, lui dit gravement James, tout en lui tapotant l’épaule. As-tu fais un cauchemar ?
- c’est comme si j’en avais fait un… Ou plutôt, je crois que je suis en train d’en vivre un.
Lupin leva la tête de son livre et regarda Sirius d’un air inquiet.
- qu’est ce qui peut bien te tracasser ? Lui demanda James en croquant dans sa tartine.
- C’est mon imbécile de frère ! Avoua Sirius. A le voir comme ça, au milieu des êtres les plus lamentables, à parler de je ne sais pas quoi … Si je pouvais je…
Sirius plongea sa main dans sa poche à la recherche de sa baguette. Plus rapide, Lupin lui attrapa le poignet.
- tu ferais une bêtise, avoua Remus. Tu as l’affreuse manie de ne pas savoir te contrôler…
- et alors ? Rugit Sirius sur un ton de défi. Regulus ne mérite pas mieux qu’un sortilège impardonnable ! à peine arrive t il à Poudlard qu’il fréquente les gens de la pire espèce. Non mais sans blagues… Il y a du monde à Poudlard, il a le choix pour se faire des amis…
- il y a moins de choix à Serpentard… Expliqua Lupin.
James approuva d’un signe de tête, d’un air de désolation. Peter, lui, n’avait pas suivit la conversation. Sirius admit que Lupin avait raison. Mais d’un seul coup, il reprit ses convictions :
- Mais il y en a, des Serpentard qui sont fréquentables !!! Regarde Andromeda, ma cousine de 7ème année, elle est sympathique, elle !
-oui, approuva James, mais elle n’est pas très bien accueillie dans ta famille, comme toi d’ailleurs…

C’était l’heure du premier cours de la matinée. La conversation prit donc fin, et les quatre amis remontèrent au dortoir se laver les dents et prendre leurs affaires pour la journée.
La matinée se passa sans imprévus. Il y eu tout d’abord double cours de potion en communs avec les Serpentard, où Sirius prit un malin plaisir à faire déplacer les ingrédients que Rogue avait déposé autour de son chaudron pour le cour ; puis un double cours d’histoire de la Magie où James et Sirius passèrent la plupart du temps à mettre au point l’avancement dans les étapes de leur transformation en Animagus. Lupin suivait le cours pour ses amis, et Peter écoutait avec attention ce que se disaient James et Sirius.

Ensuite, ils allèrent déjeuner. Sirius ne pu s’empêcher de bousculer volontairement son frère alors qu’ils se dirigeaient tous deux vers le réfectoire. Regulus poussa un juron. Sirius en profita :
- oh mais ce n’est pas bien de dire ça, Regulus… Je plains vraiment ta mère d’avoir un enfant aussi mal élevé !
Regulus avait un air sombre. On voyait très bien que les deux frères ne s’appréciaient pas du tout. Ils étaient dans un couloir du premier étage, et la plupart des élèves étaient déjà arrivés dans la grande salle. Sirius était face à Regulus, qui lui se trouvait dos au mur sur lequel il avait été projeté par son frère. Derrière Sirius, James et Peter assistaient à la scène. James semblait sur ses gardes, prêt à intervenir au moindre besoin. Lupin s’était adossé au mur d’en face, un peu à l’écart, comme lassé des conflits réguliers que provoquaient ses amis. Il était préfet, et ne pouvait donc pas prendre part à la querelle. Il se chargeait seulement de surveiller la scène, et de prendre les mesures nécessaires au moindre faux pas.
Regulus avala sa salive avec difficulté. Il tremblait devant son frère plus grand et plus robuste que lui. Il regarda tout de même son frère droit dans les yeux, et osa le défier.

- Je te signale que ma mère est aussi la tienne, Sirius ! Et l’enfant le plus mal élevé des deux, c’est bien toi !
Sirius sorti sa baguette de sa poche et la pointa sur son frère.
- répète si tu l’oses ! Je te préviens que je n’aurais aucun remord et aucun mal à te jeter un sort !
- qu’est ce que tu me veux ? Hurla Regulus d’une voix tremblotante.
Sirius soupira bruyamment.
- c’est très simple pourtant… Tu devrais le savoir, non ? Que fais tu depuis quelques temps avec une bande de minables « sang pures » ? Hein ?
- et qu’est ce qu’on est nous, hein ? reprit Regulus sur le même ton que son frère.
- moi, je ne suis pas comme eux ! Je ne pense pas comme eux…
Sirius venait d’empoigner fortement son frère par les épaules, et l’avait soulevé à sa hauteur.
- toi, de toutes façons, tu es différend de nous… Tu n’es pas un Black, c’est impossible ! C’est maman qui le dit !
Sirius lâcha d’un seul coup son frère.
- c’est ce qu’elle a dit ? dit il d’un ton amère. Ça ne m’étonne pas d’elle…
Il passa ses doigts dans ses longs cheveux pour les remettre en arrière, regarda son frère avec intensité, et se détourna de lui sans mot dire. James ne disait rien non plus. Il éprouvait de la compassion pour son ami, qui devait éprouver une grande peine de savoir que sa mère ne le considérait même pas comme son propre fils… Lupin, lui, mit un terme à tout ça :
- allez, Patmol, viens, on va allez manger…
- je t’avouerai que je n’ai plus très faim tu sais, Lunard. Approuva Sirius.
- Ne dis pas de bêtises ! Reprit James.
Il mit un bras sur l’épaule de son ami, et, suivis de Queudevers, ils se dirigèrent vers le réfectoire. Lupin s’attarda un peu plus. Regulus le regardait avec intensité, mais aussi avec appréhension, comme tout élève de première année envers un préfet.
- c’est vraiment ce qu’elle pense de Sirius ? demanda t il au garçon.
Regulus parut étonné d’entendre cette question, lui qui pensait se faire disputer ou reprocher quelque chose. Il hésita, puis répondit à la question.
- oui, c’est ce qu’elle a dit ! Et qu’est ce que ça peut vous faire, à vous ?
Lupin ne cessait de regarder Regulus avec intensité. Une inquiétude se lisait dans ses yeux.
- ça me regarde, parce que je suis préfet, et ça me regarde, parce que je suis son ami !
- eh bien c’est parfait, dit une voix de fille venant du fond du couloir.

Lupin et Regulus se retournèrent en même temps dans la direction d’où venait la voix. La silhouette longiligne d’une jeune fille se distinguait dans la pénombre du couloir. Elle avançait à grand pas, et Lupin vit enfin qui c’était.
- Narcissa… Que fais tu ici ?
Regulus était désormais plus en confiance.
- tu as envie de savoir des choses au sujet de ton ami ? demanda t elle avec prétention.
- je me fais simplement du souci pour lui, et je crois que c’est normal, non ?
- très bien. Regulus, va au réfectoire, que je puisse parler seule à seul avec cet énergumène…
Regulus obéit sans dire un seul mot. Il se dirigea d’un pas précipité vers les escaliers.
Narcissa marcha autour de Lupin, l’observant sur toutes les coutures, appuyant chacun de ses pas sur le dallage de pierres.
- tu n’es pas très propre…tes vêtements sont sales et rapiécés… est ce que tu t’es fait attaqué par une bête ? Demanda t elle en ricanant. Tu ne montres pas le bon exemple, pour un préfet. Et en plus, tu traînes avec de la racaille… C’est Severus qui m’a fait part de vos exploits dans les couloirs de l’école…
Narcissa semblait vouloir déstabiliser Lupin d’habitude si serein. Mais Lupin restait calme.
- tu n’es pas venue juste pour me dire ça…
- non, effectivement. Juste pour te dire que mon cousin Sirius va passer un mauvais quart d’heure quand il rentrera chez lui pour Noël… Et je sais que tu vas le mettre au courant. Alors vas y, préviens le, qu’il n’ai pas une mauvaise surprise en arrivant square Grimaurdl…
Lupin regardait Narcissa d’un œil avisé. Qu’est ce que Sirius allait devoir subir ?…
- pourquoi ne le dis tu pas directement à Sirius ? Défia Lupin. Et qu’a-t-il donc fait ?
- oh, ça, il le sait de lui-même… Il n’est pas un vrai Black… c’est impossible. Il est à gryffondor… Et l’admission de Regulus à Serpentard le confirme.
- c’était donc ça ? Vociféra Lupin, outré. Il ne vous convient pas ? Il n’est pas comme vous, et du coup, vous le rejetez ?
- c’est à peu près ça, dit Narcissa d’une voix très naturelle. En étant à Gryffondor parmi la racaille, il s’est fait contaminer, en quelques sortes… Il est sale… Ma chère tante ne le supporte plus. Elle espère trouver en Regulus le fils qu’elle a toujours souhaité avoir. En ce qui concerne Sirius, c’est raté ! Tiens ton ami au courant, qu’il puisse s’y préparer… ça va être sa fête !!!

Narcissa fit volte face et retourna d’où elle fut venue. Son ricanement sadique raisonna dans tout le couloir. Lupin avait peur pour son ami. Avec une famille comme la sienne, il pouvait craindre le pire… Il couru vers le réfectoire dans l’espoir d’y trouver ses compagnons, et de préparer Sirius à l’inévitable…

Lupin trouva ses amis à la table Gryffondor. Il eu la bonne idée de regarder les Serpentard du coin de l’œil : le petit groupe repéré le matin même par Sirius était là, et observaient la scène. Sans doute attendaient ils que Lupin aille tout raconter à Sirius, et sans doute voulaient ils voir le regard apeuré de ce dernier.
James avait réussit à convaincre Sirius de manger. Lupin, voyant son ami un peu mieux, pensa ne pas lui gâcher la journée et lui révéler ce qu’il avait apprit de Narcissa que le soir, dans la salle commune. Toujours du coin de l’œil, Lupin vit que les Serpentard attendaient toujours une exclamation de Sirius. Ils attendirent un petit moment, et, visiblement déçus, sortirent de table les uns après les autres. Etrangement, Regulus était resté à sa place, le regard vitreux, en pleine réflexion. Il avait l’air embarrassé de quelque chose.

- tu en as mit un temps, Lunard ! Déclara James tout en observant à son tour Regulus. Il a l’air empoté, assit tout seul comme ça en regardant dans le vide… Qu’est ce que vous vous êtes dit ?
- je lui ai fait rabattre son caquet, menti Lupin
- ça n’a pas l’air de lui avoir fait beaucoup de bien, à ce que je vois …
- ce n’était pas vraiment le but…
Et ils éclatèrent de rire.
Sirius changea volontairement de sujet.
- ce n’est pas tous, les copains, mais il faudrait songer à notre petit secret… (il parlait de leur préparation à l’animagi). La pleine Lune arrive bientôt, et ce sera la dernière avant les vacances de Noël. Il faudrait être opérationnels le plus vite possible.
James approuva d’un signe de tête, mais Lupin fronça les sourcils :
- il ne faut pas précipiter les choses… ça peut être dangereux, si tout n’est pas fait dans les règles…
- depuis quand est ce que tu suis les règles, toi ? demanda James interloqué. On peut prendre des risques, ça ne nous gêne pas !
- moi, j’aime prendre des risques !!! Approuva Sirius en ricanant.
- oh oui ! oh oui ! Applaudit Queudver.
- on a rien à perdre ! Continua James
- et tu as tout à y gagner ! Poursuivit Sirius.
Lupin ne pu s’empêcher d’afficher un large sourire. Il était heureux par l’enthousiasme de ses camarades qui semblaient faire tout cela pour lui et non pas pour eux.
- merci les amis, je n’oublierai jamais tout ce que vous faites pour moi.

Ils sortirent de table et allèrent aux cours de l’après midi dans la joie totale. Ils étaient si heureux que Lupin en oublia les paroles de Narcissa. Quand le soir arriva, ils allèrent directement se coucher, fatigués de leur journée. Ce n’est que le surlendemain, au réfectoire encore, que Lupin reprit connaissance lorsqu’il croisa Narcissa, en pleine conversation avec sa sœur Andromeda. Narcissa posa un instant son regard sur lui et sur Sirius, puis reprit sa conversation. Lupin eu une sueur froide. Sirius paraissait si heureux, en ce moment, et le projet animagi allait toucher à sa fin. Lupin ne pouvait pas encore lui parler de ses vacances de Noël, cela aurait été trop décevant pour lui, pire, il n’aurait peut être plus envie de devenir animagus pour l’accompagner lors de sa métamorphose… Alors Lupin pensa lui révéler ce qu’il savait après la pleine lune.
- James, demanda t il, quand est ce que c’est la pleine lune ?
James le regarda avec des yeux ronds.
- toi, un loup garou, tu me pose cette question, alors que tu devrais avoir établit un planning au moins un an à l’avance ? La pleine lune, c’est le jeudi juste avant les départs de vacances, autrement dit, c’est la semaine prochaine !
Sirius et Peter explosèrent de joie à l’idée de participer pour la première fois à la métamorphose de leur ami Remus, qui, lui, ressenti une petite panique intérieur. Il appréhendait toujours ce moment là, ayant peur de mordre quelqu’un sans s’en rendre compte, ou de se faire remarquer par un élève de l’école qui irait tout raconter. Et la panique de cacher le secret de Narcissa jusqu’au jeudi suivant venait en rajouter une couche. En plus, pensa t il, Sirius n’aurait qu’une seule journée pour se préparer à sa « fête ».

La semaine passa assez rapidement. Les quatre amis se réunissaient tous les soirs dans la salle sur demande pour finir les préparatifs à leur cérémonie d’inauguration d’animagus. Même s’ils étaient heureux de le faire, ils avaient quand même un peu peur des conséquences. Peter avait lu dans un manuel scolaire qu’un sorcier du XIX ème siècle avait raté sa première transformation. Ainsi, il du vivre le restant de ses jours avec une queue de chat sur son derrière. Peter n’approuvait pas du tout l’idée d’avoir éternellement une queue de rat. Sirius et James rigolèrent, mais ne prirent pas l’information au sérieux.

Le jeudi arriva. Lupin était devenu très blanc, de grosses cernes étaient apparues sous ses yeux, et il tremblait de la tête jusqu’aux pieds.
- il ne faut pas que tu aies peur comme ça, Lunard, le rassura James. Tout va bien se passer. Il ne t’est jamais arrivé malheur jusqu’à présent, et de plus, nous serons là, avec toi.
- oh oui, ce sera vraiment super ! Ajouta Sirius.

Dans le couloir menant au cours de sortilèges, ils croisèrent Rogue. C’était le seul élève de l’école qui était au courant que Lupin était un loup garou. Sirius lui avait d’ailleurs fait une très méchante blague qui faillit lui faire perdre la vie. Depuis, ils étaient ennemis jurés.
Rogue regarda d’un air moqueur le pauvre Lupin blanc comme un mort. Il scruta d’un regard froid ses camarades qui l’entouraient.
- dis donc, Lupin, lança t il méchamment, tu as l’air bien pâle ce matin… Aurais tu peur de voir surgir derrière toi un loup garou ? Oh, suis-je bête, c’est peut être la lune qui te donne un air aussi pâle…
- moi j’en connais une de lune très pâle, ricana aussi méchamment Sirius pour défendre son ami. Tu veux que je te la montre, Lunard ? Lui demanda il en sortant sa baguette de sa poche.
Queudver regarda la scène avec avidité, tandis que James s’était rangé aux cotés de Sirius.
- si tu me fais quoi que ce soit ici, dans le couloir, je vais hurler et dire tout haut qui est réellement Lupin !!! Hurla Rogue
- tu n’en a pas le droit ! Poursuivit Sirius.
- ah oui ? Et qui m’en empêchera ?
- Moi Severus, dit une vieille voix familière.

C’était Dumbledore. Il venait de sortir d’une des salles qui longeaient le couloir, en compagnie de Mme Pomfresh.

- Severus, je crois que tu as promis quelque chose…
Rogue regarda avec prudence Dumbledore. Il plissa les yeux, pinça les lèvres en signe de mécontentement. Rogue ne pouvait plus rien faire ni plus rien dire en présence du directeur. Il était visiblement déçu, mais finalement, c’était aussi bien pour lui, Sirius et James ne pouvant eux non plus l’embêter ouvertement devant leur cher Dumbledore. Ainsi, chacun fut rappelé à l’ordre, et ils repartirent tous dans leur direction, pour les cours qui allaient bientôt reprendre.
Dumbledore demanda simplement à Sirius et à Remus de rester quelques instants avec lui. Il regarda d’un œil attentif Lupin qui était toujours blanc comme un mort.
- tout va bien, Remus ?
Lupin approuva d’un léger signe de tête qui n’était pas très convainquant. Il souffrait à l’intérieur de lui-même, le loup garou commençait à prendre la place de l’homme au fond de lui. Le soir allait arriver très vite, et sa métamorphose était inévitable.
- Sirius, tu n’as rien à me dire ?
- Non, répondit Sirius qui ne comprit pas vraiment le sens de la question.
Dumbledore tapota alors l’épaule de Lupin et le poussa délicatement vers madame Pomfresh.
- Remus, tu as l’air très faible. Vas te reposer à l’infirmerie dès maintenant, pour avoir assez de forces pour ce soir. Je ne voudrais pas que tu passes de mauvaises vacances de Noël à cause de cette mauvaise période de pleine Lune… Heureusement que cette année, ce n’est pas la nuit du 24 décembre !!! Il ria bruyamment tout en regardant Lupin s’éloigner avec l’infirmière. Sirius, lui, ne trouva pas l’anecdote très amusante.
- allons Sirius, ne fais pas cette tête là… Tout va bien se passer ne t’inquiète pas. Et si tu as besoin de m’en parler, n’hésites surtout pas, tu sais où me trouver. Poudlard reste ouvert pendant les vacances, et puis, tu as James !

Sirius resta figé sur place. Il ne comprenait pas un seul mot de ce que le directeur venait de dire. Dumbledore retourna en direction de son bureau, et Sirius alla en cours. Il ne savait pas du tout de quoi parlait Dumbledore, et pourtant, c’était quelque chose à son sujet…

La fin de l’après midi se déroula sans Lupin, qui était resté à l’infirmerie sur les ordres de Dumbledore. Sirius avait désormais hâte de pouvoir se métamorphoser comme le faisait si bien le professeur MacGonagal. James, lui aussi, était très enthousiaste. Queudvers était lui aussi impatient, mais moins que ses camarades, car il n’avait quasiment rien fait de lui-même.
- on va enfin savoir ce que vont être nos animaux ! Dit Sirius joyeusement. Moi, je vous ai dit que ce serait un chien, et j’espère qu’il sera aussi noir qu’un Sinistros ! Je pourrais ainsi rendre fou notre professeur de divination !!!
- moi, je garde le secret jusqu’au dernier moment, ajouta James. Vous ne saurez rien du tout !
- oh dis le nous ! Supplia Queudver.
- non non non, j’ai décidé de vous surprendre et il n’y aura aucune autre option pour vous que d’attendre jusqu’à l’heure H.
- Au même moment, un groupe de filles de cinquième année traversa le cloître dans lequel ils se trouvaient. James ébouriffa automatiquement ses cheveux tout en les regardant du coin de l’œil. Parmi elle, une jeune fille aux cheveux roux foncés attirait particulièrement la vue de James.
-pourquoi tiens tu autant à garder cela aussi secret ? Demanda Sirius.
James ne répondit pas. Il était occupé à regarder les filles papoter et s’asseoir sur le muret. Sirius regarda dans la direction de James, puis reposa son regard sur celui de son ami. Après quelques minutes d’observation, Sirius afficha un sourire malicieux : il venait de comprendre que James était désormais un vrai homme.
- Dis moi, James, qu’est ce que tu regardes comme ça ? Lança t il alors qu’il connaissait très bien la réponse.
- Moi… Répondit James quelques secondes après. Heu… Rien du tout.
- Ne fais pas l’idiot, je sais très bien que tu regardes ces filles, là bas… lui dit Sirius tout en remettant ses longues mèches de cheveux en arrière. Il y en a une qui te plait ?
James regarda son ami avec étonnement.
- je te vois venir, toi, le « tombeur de ces dames »… Tu dis n’importe quoi, je ne les regardais même pas ! Et puis d’abord, qu’est ce qui te fait dire ça ? demanda enfin James, tout en ébouriffant encore une fois ses épais cheveux.
- ce que tu viens de faire, justement ! Ricana Sirius.
- hein ? Quoi, me passer la main dans mes cheveux ?
- oui ! Insista Sirius. C’est un signe qui trahit tes pensées…
- et toi, quand tu remets également tes cheveux en arrière, qu’est ce que c’est, au juste, hein ? Se défendit James
- mais, moi, ce n’est pas pareil, je fais cela naturellement. Répondit Sirius sur un ton désinvolte.
Un long silence retentit. James et Sirius s’étaient tus. Alors que ce dernier fouillait dans ses poches à la recherche d’un objet à tripoter pour vaincre son ennui, James reposa son regard en direction du groupe de filles.
Soudain, la fille qu’il regardait plus particulièrement se tourna dans sa direction. Le cœur de James rata quelques battements. La jeune fille aux cheveux roux foncés se leva, au loin, il entendait vaguement ce que les autres filles lui disaient. « Où vas-tu, Lily ?- je vous laisse deux minutes, il faut que j’aille voir quelqu’un ».
James se sentit empoté, il ne savait pas quoi faire. La fille qui avait secrètement une place dans son cœur se dirigeait vers lui… Sirius sentit l’embarras de son ami.
- James, tout va bien ?
James se retourna vers Sirius.
- comment je suis, là, maintenant ?
- comme d’habitude, pourq…
- non, je veux dire, est ce que je suis présentable ? Elle se rapproche… Confia James à Sirius.
Sirius regarda discrètement en direction de Lily.
Effectivement, elle se rapprochait. Mais elle ne semblait pas du tout regarder ni James, ni Sirius. Son regard se dirigeait vers quelqu’un d’autre.
-heu, James, je ne veux pas te faire du soucis, mais je crois que cette fille ne…
Mais James n’écouta pas son ami. Trop ambitieux, il se retourna au moment où Lily passait juste à coté de lui. James sourit, lança un timide « Salut, Evans», s’attendant vraiment à ce qu’elle se soit déplacée pour aller à sa rencontre.
Mais il fut rapidement dépassé par l’évènement. Lily le regarda rapidement du coin de l’œil, sans mot dire, car elle ne le croisa que quelques secondes. Elle était décidée à aller à la rencontre de quelqu’un d’autre, quelqu’un auquel ni James ni Sirius n’aurait pensé….
- salut, Rogue, lança gentiment Lily Evans.
Severus Rogue était en effet assit sur le muret du cloître, à quelques mètres derrière James, Sirius et Peter Pettigrow. Rogue était en train d’écrire sur son cahier de potions. Trop occupé, il ne fit pas tout de suite attention qu’une fille lui parlait (ce n’était pas du tout à son habitude…). James et Sirius, de leur coté, avaient suivit Lily du regard, et assistaient à la scène totalement ébahis.
- Severus… Répéta Lily de sa voix habituellement douce.
Comme Rogue faisait comme si de rien n’était, Lily insista et posa sa main sur son épaule. Ce dernier prit mal la chose et se leva précipitamment, sortant sa baguette par la même occasion. James, plus à l’écart, fit de même, prêt à défendre Lily.
- qu’est ce que tu me veut ? Lança Rogue de sa voix froide et traînante, toujours sa baguette levée vers elle.
Lily était très sereine, et afficha même un large sourire. Elle ne se souciait pas du tout de la personne pourtant si mystérieuse qui se postait devant elle, baguette à la main.
- allons, Severus, tu n’as pas à réagir avec autant de méfiance… Continua t elle, je venais simplement te donner le sujet du devoir de métamorphose pour la rentrée. Tu n’étais pas là en cours, et comme tu n’as pas d’amis… je veux dire, comme tu es souvent seul, je me suis dit que peut être personne ne te donnerai les devoirs… Alors les voici.
Lily lui tendit un bout de parchemin, tout en gardant un large sourire. Le visage de Rogue devint plus sombre qu’à l’habitude, il n’appréciait pas du tout l’initiative de la jeune fille. C’était une Gryffondor, et en plus une fille de Moldus.
- je ne t’ai rien demandé, Evans ! Lui siffla t il méchamment. Ta place n’est pas ici ! Eloigne toi et ne m’adresse pas la parole !
D’un geste de colère, il poussa Lily qui, surprise, faillit perdre l’équilibre. James était furieux, il avança d’un pas définit vers le lieu de la scène, suivit de Sirius, baguette à la main.
- Rogue, excuse toi ! Rugit James hors de lui.
Rogue ne réfléchit pas. Par autodéfense, il pointa sa baguette sur James qui avançait à grands pas :
- Expelliarmus !
James, qui ne s’y attendait pas, fut automatiquement désarmé. Son envie de défendre tout de suite Lily Evans sans réfléchir, par sa forte témérité et son tempérament impétueux, ne le mit pas sur ses gardes. Sirius arriva à son tour. Plus réfléchit, il désarma à son tour Rogue. James, entre temps, eu la possibilité de reprendre sa baguette en mains et la pointa sur Rogue :
- impedimenta !
Et Rogue fut projeté au sol, sans pouvoir bouger. Lily n’accepta pas les attaques de James et de Sirius.
- qu’est ce qui vous prend, à tous les deux ? Vociféra t elle.
Tandis que Sirius surveillait Rogue bloqué au sol, James regarda Lily :
- tout va bien, Evans, cet imbécile de Serpentard ne t’a pas fait mal ? Lui demanda t il sans répondre à sa question,
- Mais de quoi est ce que tu t’es mêlé, Potter ? Dit Lily ; Je ne t’ai rien demandé à toi !
James ébouriffa encore un peu plus ses cheveux.
- je t’ai sauvé la mise, Evans. Ça aurait pu très mal se passer sans moi… Lui lança t il sur un ton arrogant.
- tu n’as rien fait du tout! Tu t’es contenté de charger ton pas comme un éléphant enragé ! C’était un acte réfléchit de ta part, qui traduit bien ton arrogance et ta désinvolture !
James regarda Sirius qui lui fit comprendre que Lily avait totalement raison.
- Ce n’est pas vrai. Se défendit James. J’ai voulu t’aider, c’est tout !
- je n’avais aucunement besoin d’aide. Avoua Lily. Je n’étais pas du tout en danger. Il m’a simplement poussé, c’est tout !
- eh bien c’est un acte de trop venant de sa part ! Il te méprise déjà assez comme ça !

Lily n’écoutait pas. Elle se contenta d’aider Severus Rogue à se relever, qui automatiquement se défendit d’avoir besoin d’aide de personne. James voulu à nouveau défendre Lily, et ce fut Sirius cette fois ci qui l’en empêcha. Rogue prit ses affaire, repartit directement vers sa salle commune. Lily lança un regard noir envers James puis alla rejoindre les filles qui l’attendaient. James resta figé sur place, Sirius à ses cotés. Queudver était resté en retrait.
- je ne comprendrai jamais cette fille, avoua James.
- Je crois que tu ne comprendras jamais rien aux filles, James… Avoua Sirius le sourire aux lèvres.
James eu un sourire amère. Quand il entendit le rire moqueur de son meilleur ami, il finit par rire totalement lui aussi.

La nuit venait de tomber rapidement sur Poudlard. La grande soirée tant espérée par les quatre amis allait enfin commencer. Ils allèrent discrètement en direction du parc, près du saule cogneur, pour se préparer à leur toute première métamorphose. Bientôt, Remus arriverait en compagnie de Mme Pomfresh, et pénétrera dans le passage secret pour se rendre à la cabane hurlante, afin de vivre le plus tranquillement possible sa nuit de loup garou…

Il était minuit moins le quart. James, Peter et Sirius s’étaient recroquevillés sous la cape d’invisibilité, pour ne pas être vus, mais également pour se tenir plus chaud. Une tempête de neige faisait rage dans le parc de Poudlard, et ils attendaient maintenant depuis une heure l’arrivée de leur ami Lupin au devant du saule cogneur.
Alors que James commençait à s’impatienter, deux silhouettes sombres se distinguèrent dans l’horizon d’ivoire. Ces deux personnes avançaient avec peine dans la neige, fouettés par le vent glacial qui prenait place à la tempête. James et Sirius reculèrent et se mirent à l’abri derrière un tronc d’arbre, à la lisière de la forêt interdite, suivis par le petit Peter. De là, ils voyaient très bien la scène, et pouvaient rapidement rejoindre leur ami avant qu’il ne se transforme.
- voilà Remus, dit une voix de femme. Tu vas rentrer comme d’habitude dans le passage secret qui te mènera vers le cabanon qui te sert d’abris.
- Merci bien, madame Pomfresh. Rentrez vite avant que je ne me transforme, je pourrais vous mordre ! Répondit Lupin avec un petit sourire triste.
- je pense que ce soir, ta transformation débutera un peu plus tard que minuit. Je ne risque donc rien, j’ai le temps de rentrer au château. La tempête fait rage, les lourds nuages encombrent le ciel et l’on ne risque pas de voir la lune avant un certain moment… Tu as donc le temps de t’installer bien au chaud…
Lupin souria, mais une profonde tristesse se lisait sur son visage. Il était fatigué, épuisé, malade de savoir qu’il allait encore une fois se transformer. Il aurait pu être heureux d’apprendre que sa métamorphose durerait exceptionnellement moins longtemps, mais c’était le premier soir où il serait en compagnie de ses amis, et ce premier soir aurait dû être le plus long…
Madame Pomfresh quitta son jeune protégé pour retourner en direction du château, la tête emmitouflée dans une écharpe pour se protéger du vent. Lupin la regarda partir. Bientôt, il ne vit qu’une lointaine silhouette sombre s’éloigner de plus en plus puis disparaître au loin, et la trace de ses pas s’effacer progressivement par la neige qui tombait sans cesse.
Lupin regarda tout autour de lui, à la recherche de ses amis.
- vous pouvez sortir ! Lança t il dans le vide.
Il regarda dans toutes les directions, anxieux, à la recherche d’une ombre ou d’un bruit quelconque. Mais rien, à part le vent et la neige, ne paraissait devant lui. Il patienta quelques instant, le cœur plein d’espoir, mais face à la réalité, il se dirigea vers l’entrée du passage secret, seul et désemparé.

Au dernier moment, un craquement de branche lui fit faire volte face. Remus regarda avec difficulté dans la direction d’où provenait le bruit, et vit la silhouette d’un grand animal cornu arriver doucement vers lui. C’était un cerf. Il avançait d’un air majestueux vers lui, et ni le vent ni la neige ne semblait lui donner du mal. Au départ, Lupin se méfia. Il ne savait pas d’où provenait cet animal… Peut être de la forêt interdite ? Puis, après que l’animal eut été juste devant lui, et qu’il l’eut regardé dans les yeux, Remus comprit (sans vraiment savoir comment) que c’était James qui était devant lui.
- James !!! Comment est ce que… comment as-tu… Mais c’est incroyable ! Comme tu es beau ! Tu as parfaitement réussit ta transformation !!!
Le cerf cligna des yeux puis se tourna dans la direction dont il était venu. Une deuxième silhouette se distingua dans la tempête. C’était cette fois ci un animal de taille moins imposante, mais assez grand tout de même. Son pelage était d’un noir de jet, des yeux jaunes brillaient au dessus de son museau également tout noir, une langue rouge sang pendait légèrement de sa bouche. C’était un gros chien, semblable au Sinistros, le même que Sirius espérait pouvoir devenir. Lupin souria encore plus.
- Sirius !!! Félicitation ! tu as obtenu exactement ce que tu voulais… Tu obtiens toujours ce que tu veux d’ailleurs… Comment ai-je pu douté à ce sujet ?! Un véritable Sinistros se trouve devant moi !!! Viens là mon gros toutou !!
Le chien aboya joyeusement et se dirigea vers Lupin en balançant sa queue de gauche à droite.
Pendant que Remus caressait le pelage noir et soyeux du gros chien, un petit animal lui tourna autour des jambes. Un animal bien plus petit que le chien, et encore plus du cerf. Un rat. Un gros rat à la couleur indéfinissable s’était positionné devant Lupin et le regardait intensément de ses deux gros yeux noir et brillants. Lupin fronça les sourcils.
- Peter… Te voilà toi aussi !. Ils auraient pu te trouver quelque chose de mieux… Ils avaient largement le temps de t’aider… Ton animal est légèrement raté par rapport aux autres… J’espère que je ne te mangerai pas tout cru quand je me serais métamorphosé en grand méchant loup garou…
Sur ces mots, le chien aboya et le cerf tapa le sol enneigé avec ses sabots. Lupin afficha un sourire en coin, et regarda le ciel.
- la tempête s’arrête progressivement… Il est minuit, et je ne peux pas encore me métamorphoser… C’est très embêtant, il va falloir attendre un peu mes amis !

Finalement, au bout de dix minutes à peine, la tempête s’arrêta, et il n’y eu plus que de gros nuages grisâtres dans le ciel. Lupin profita de ce moment pour sortir sa baguette. Il prononça une incantation, et fendit d’un trait deux nuages, qui se séparèrent automatiquement pour laisser place à un bout de ciel étoilé. Lupin rangea sa baguette, regarda amicalement ses amis et leur dit :
- c’est beaucoup mieux comme ça. Je n’aurais pas supporté l’attente… J’espère que cette soirée se passera bien et que je ne vous ferai aucun mal ! Allez… Quand il faut, il faut !
Et au même moment, le petit trou dans le ciel laissa percevoir la lune ronde et pleine qui brillait seule dans la nuit. Lupin serra les poings. Il regarda intensément la lune, ses yeux grossirent, ses poils se hérissèrent, et il commença sa transformation. Pour la première fois, ses amis assistaient à cette macabre cérémonie, sous forme d’animal bien sûr, mais ils étaient présents sur le lieu, près de leur ami. Ils le soutenaient. Lupin devenu loup garou était maintenant dans la cabane hurlante, auprès de ses amis, et passa toute la nuit dans cet abri, pour la première fois accompagné. Et pour la première fois, au fond de lui, il se sentait bien. Il n’était plus seul, ni désemparé, mais il était accompagné dans sa souffrance par trois êtres qui l’avaient toujours soutenus depuis ses débuts à Poudlard, ses trois véritables et seuls amis, qui avaient tout fait pour lui, quitte à risquer leur propre vie…